TOF SAILS FOR CHANGE

Bilan de la 1ère année – nos ressentis

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Le projet Tof sails for change tel que nous l’avions esquissé avant le départ, fait partie du mode de penser d’avant: ce besoin de valoriser une expérience, du temps, d’être acteur dans le système global. Aujourd’hui, on est plus enclin à accueillir ce qui se présente sur notre route. De vivre pleinement ces années hors système, d’observer ce qui nous entoure, de savourer la liberté, de vivre à notre rythme, de prendre le temps pour soi, laisser émerger ce qui constitue notre propre identité, nos rêves et nos envies les plus profondes. Tof navigue pour le changement, un changement qui commence par nous mêmes, un changement intérieur. 

Sur le plan environnemental, pour l’heure, l’envie n’est plus au changement en tant qu’acteur dans l’adaptation de l’Homme au dérèglement climatique. Il s’agit davantage d’un changement à l’échelle de notre microcosme, l’éco-responsabilité à bord. Si tous les hommes faisaient leur part, la Terre se porterait bien mieux.

Le plus grand enseignement de cette première année pour le capitaine est le dépassement de ses limites en termes de navigation. Le challenge était très fort au regard du peu d’expérience acquise avant le départ, de l’équipage réduit et novice. Dépasser ses craintes, ses appréhensions et traverser un océan en comptant sur lui même, portant la responsabilité du bateau, de la vie de la matelote et de sa propre vie. C’est l’expérience la plus puissante du Capitaine, sa plus grande satisfaction. 

Pour la matelote, le plus grand challenge est le détachement. Plus aucune prise sur la vie d’avant: les modes de vie terriens, le travail, le rôle dans la société, l’ancrage dans un lieu de vie, les liens sociaux, la projection, se sentir utile. TOUT a été revisité. Plongeon dans un monde nouveau: la mer, le présent, le nomadisme. En haute mer, je me suis sentie otage des éléments, impuissante, paralysée même par la peur. Les premières navigations hauturières m’ont enseigné le lâcher prise, faire confiance au Capitaine, au bateau, à la vie. Je me suis accrochée à la foi, à mes étoiles qui veillent sur nous.  

En haute mer, l’esprit est à 200% pris par le présent: « l’ici et maintenant ». Aucun moyen de communication (hors mis les mails par connexion satellite), il y a juste nous, le bateau et l’immensité du ciel, de la mer, des volumes d’eau gigantesques et ondulants, les vents, le rythme du soleil, de la lune, les oiseaux. Pas de projection, on vit heure par heure, minute par minute, tributaires des éléments et de notre capacité d’adaptation. Au milieu de l’océan, on se sent exister, bien vivants. 

Les richesses de notre année: la 1ère est le temps! La seconde est la liberté dans les choix de destination, de durée d’escales. Une liberté contrainte uniquement par les conditions météo, ce qui nous rapproche de la Nature. Le voyage en voilier nous permet d’accéder à des ilets sauvages, de cheminer sur des « sentiers de cabris ». Au quotidien, on observe la Nature, ses paysages, ses fonds marins, ses oiseaux, sa faune. Le quotidien est émerveillement, on éprouve un réel bien être dans l’observation de la nature. 

Les rencontres que nous avons faites finalement sont majoritairement des navigateurs. Des nomades des mers avec qui nous sommes proches puisque nous partageons les mêmes problématiques, les mêmes itinéraires. On échange des conseils, astuces, expériences. C’est la particularité du voyage en voilier, on côtoie les marins. Le voyage par les terres favorise davantage la rencontre des terriens, des communautés locales, forcément. 

J’ai remarqué que les marins sont assez casaniers, ils aiment leur tranquillité, leur bulle. S’ils quittent leur bateau, ils sont constamment inquiets pour lui. Le bateau demande beaucoup d’attention. C’est une particularité de ce type de voyage, on a le confort de notre chez nous mais ce confort demande des soins très réguliers, une préoccupation omniprésente. C’est une façon de voyager qui est relativement auto-suffisante, il ne manque qu’un potager. On peut facilement parcourir le monde en restant dans notre microcosme. C’est à l’opposé des voyages terriens que j’ai pu faire en immersion dans les pays, par le travail, ou sac à dos, auberges et transports locaux.

La vie à deux sur un bateau. On vit H24 ensemble dans un espace confortable, petit, où chaque recoin est optimisé. On vit avec l’essentiel et ça fait du bien de s’éloigner du consumérisme inutile. On fait tout ensemble en dehors du bateau. A bord, on aime chacun vaquer à nos propres occupations et on respecte ce besoin d’être chacun dans son monde. Sam lit énormément, bricole aussi beaucoup sur le bateau. Je me plonge dans l’astrologie, et essaie de rattraper mon retard dans les journaux de bord. Etonnamment peut être, ce H24 ensemble n’a jamais présenté de difficulté. Astrologiquement compatibles! 

On se rend compte de la chance que nous avons de vivre ce que nous vivons actuellement et c’est un grand bonheur de vivre ensemble et de le partager.

 

On ne peut pas le nier, on a ressenti de la solitude notamment au nord des Antilles, sur les îles anglophones. Mais c’était à vivre pour mieux apprécier sans doute les rencontres et les retrouvailles avec nos amis sur notre itinéraire. L’humain fait la richesse du voyage: ça nous ressource, nous dynamise, on construit des souvenirs inoubliables! 

Hâte de découvrir les prochaines rencontres, les prochains enseignements de ce voyage! La 2ème année est lancée avec plein d’envies, plein de rêves : Les Grenadines, la Colombie, Panama, Costa Rica, l’Océan Pacifique, les Marquises, la Polynésie,…

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